Décarbonisation : Découvertes, plans et décisions qui façonneront l’économie du 21e siècle
mars 01, 2016
Discours prononcé par Michael Crothers, président de Shell au Canada et vice-président – hydrocarbures non classiques, Amérique du Nord, au congrès GLOBE 2016, le 3 mars 2016
Bonjour. J’aimerais saluer les membres des nations salishes de la côte, sur les territoires ancestraux desquels nous sommes réunis aujourd’hui.
Le Canada fêtera bientôt ses 150 ans d’existence. Alors que la décarbonisation définira les décennies à venir, les Canadiens ont dû faire face à d’énormes défis dans le passé : de la construction de la nation, à la participation aux deux guerres mondiales, en passant par l’élaboration et la mise en place du système universel de soins de santé. Et quand je repense à ces défis et à d’autres, je constate avec surprise que chacun des obstacles que nous avons surmontés ont tous trois points en commun. D’abord, nous avions une vision commune. Ensuite, un plan concret a été établi. Et enfin, nous avons fait preuve d’une extraordinaire collaboration sous l’effet d’un sentiment d’urgence qui nous a poussés à agir dans l’intérêt de tous.
Pour relever le défi de la décarbonisation, nous devons avoir une vision commune.
Vous serez peut-être surpris d’apprendre que Shell a été parmi les premières sociétés pétrolières et gazières au monde à reconnaître le changement climatique, et elle demande l’établissement d’un prix pour le carbone depuis près de deux décennies. Nous savons que la transformation de notre système énergétique représentera un défi énorme et nous devons concilier notre plan de décarbonisation avec la demande croissante en énergie.
Que vous soyez pour ou contre les hydrocarbures, ils resteront la principale source d’énergie pendant un certain temps encore. Et il ne s’agit pas simplement d’une prévision qui arrangerait Shell. Des groupes, allant de l’Office national de l’énergie à l’Agence internationale de l’énergie, prévoient que la demande énergétique augmentera en raison de l’accroissement de la population mondiale et du redressement des niveaux de vie. Il faut se rappeler qu’aujourd’hui près de 3 milliards de personnes n’ont toujours pas accès aux sources d’énergie modernes qu’un grand nombre d’entre nous tiennent pour acquises.
Alors, à mesure que les économies émergentes sortiront de la pauvreté et auront besoin de plus d’énergie, le monde devra répondre à cette demande. Mais comment ferons-nous?
Souvent, on nous présente une fausse alternative : choisir les énergies renouvelables OU les hydrocarbures. Or, les deux seront essentiels afin de répondre à la demande au cours des décennies à venir.
Shell s’attend à ce que les énergies renouvelables deviennent l’élément principal du système énergétique mondial vers la fin du siècle. En effet, Shell entrevoit de grandes possibilités, particulièrement pour l’énergie solaire, qui pourrait devenir la principale source d’énergie au monde d’ici à 2060 selon une de ses hypothèses, et pour l’éolien, dans lequel elle a des projets à l’échelle mondiale.
Shell partage en grande partie la vision du mouvement écologiste pour ce qui est de la décarbonisation. Ce sur quoi nous sommes peut-être en désaccord, c’est la vitesse de la transition. À mesure que la transition se réalisera au cours des prochaines décennies, nous devrons décarboniser notre système énergétique rapidement, et les énergies renouvelables serviront à répondre à la demande comme jamais auparavant.
Lorsque nous aurons une vision commune, nous devrons mettre en place un plan concret pour la réaliser.
Afin de répondre à la demande énergétique prévue d’ici à 2050, sans aggraver le changement climatique, nous devrons DOUBLER l’approvisionnement mondial en énergie par rapport aux niveaux de 2000, tout en réduisant considérablement les émissions de CO2 dans le monde. Il s’agit d’un défi de taille. Mais je crois qu’avec les bonnes balises, l’ingéniosité humaine triomphera.
Pour concrétiser la décarbonisation, nous devons élaborer des cadres d’action bien pensés, qui permettront un équilibre entre les besoins énergétiques et la protection de l’environnement, et fournir des incitatifs qui encourageront l’innovation.
Comme je l’ai mentionné, Shell demande depuis longtemps l’établissement de structures efficaces de tarification du carbone. Celles-ci constituent des mesures économiques favorisant grandement la réduction des émissions et l’élaboration de méthodes de production plus propres.
Notre gouvernement fédéral a l’intention de travailler de façon constructive avec les provinces afin d’établir une approche nationale à l’égard d’une politique climatique, et cela me réjouit. La Colombie-Britannique, en particulier, est une pionnière au Canada et continue de prétendre qu’elle dispose du système de tarification du carbone le plus complet dans l’hémisphère.
Et je suis ravi de voir que les recettes publiques tirées des politiques climatiques, comme celles de l’Alberta, seront investies dans des technologies de réduction des GES. Cela encourage encore plus les membres de l’industrie à travailler de pair pour mettre en œuvre des technologies permettant une croissance responsable qui pourraient complètement changer la donne.
Les gens de notre pays sont pleins de ressources. Nous avons imaginé comment extraire le pétrole des sables bitumineux. Nous découvrons comment retirer plus de carbone du pétrole. L’ingéniosité des Canadiens sera essentielle pour trouver des solutions à faibles émissions de carbone pouvant être exportées, et qui généreront ainsi de nouvelles sources de revenus.
Pour sa part, Shell investit dans les sources d’énergie à faibles émissions de carbone, spécialement dans les domaines où elle a de l’expertise, comme la production de gaz naturel et les technologies qui permettent d’accroître l’efficacité énergétique et de réduire les émissions. Nous nous intéressons aussi beaucoup aux carburants de transport à faibles émissions de carbone. Nous sommes d’ailleurs l’un des plus grands producteurs au monde de biocarburants produisant peu d’émissions.
Et nous exploitons des installations de captage et de stockage du carbone ou CSC...
Shell et le Canada sont des chefs de file en matière de CSC, qui empêche le CO2 de pénétrer dans l’atmosphère. Notre projet Quest de CSC en Alberta permettra de capter et de stocker plus d’un million de tonnes de CO2 chaque année émis par l’usine de valorisation de Scotford, qui est déjà l’une des installations de traitement des hydrocarbures les plus éconergétiques au monde.
Dans le cadre du projet Quest, Shell a joué le rôle du facilitateur de technologies, ayant fait un investissement conjoint avec les gouvernements fédéral et de l’Alberta afin de donner vie à ce projet historique. Le budget du projet n’a pas été dépassé et son échéance a été respectée, ce qui a mené à un lancement idéal. Nous avons déjà réussi à piéger un demi-million de tonnes de CO2. Shell partage maintenant ouvertement ses technologies et ses procédés avec d’autres pays afin de contribuer à faire baisser le coût de futurs projets dans le monde.
Shell est une société pétrolière et gazière ayant maintenant une longue expérience en matière d’innovation – et je dis volontairement « pétrolière et gazière » étant donné le réaménagement de notre portefeuille. Nous réévaluons continuellement la résilience de notre portefeuille et savons que notre réussite à long terme dépend de notre capacité à prévoir les types d’énergies et de carburants dont les gens auront besoin dans l’avenir. Et tout cela en restant concurrentiels sur le plan commercial et avant-gardistes sur le plan environnemental, dans le respect des politiques établies par les gouvernements. Et combiné aux bonnes solutions, cet équilibre pourrait devenir un avantage concurrentiel pour le Canada.
Grâce à la récente unification avec BG, Shell dispose d’une plateforme solide qui lui permettra de se recentrer afin de devenir plus simple et concurrentielle. Vous comprendrez qu’avec ce changement, Shell envisage aussi un rôle grandissant pour le gaz naturel parmi les solutions à faibles émissions de carbone.
Mais comprenez-moi bien, je sais que même s’il émet la moitié du CO2 produit par le charbon dans les centrales électriques, le gaz naturel ne fait pas l’unanimité. Cependant, si la décarbonisation mondiale est l’objectif et si nous voulons faire preuve de nuance dans le débat sur l’énergie, alors je crois que le gaz naturel est un élément clé de la transition vers un nouveau système énergétique.
Le gaz naturel peut contribuer rapidement et de façon rentable à la réduction des émissions en remplaçant le charbon dans la production d’électricité. En effet, il s’agit de l’un des principaux facteurs pour les entreprises asiatiques qui font équipe avec Shell dans le projet LNG Canada. Dans ces pays, on cherche à remplacer davantage d’énergies émettant beaucoup de CO2, et le Canada pourrait représenter un fournisseur responsable et fiable.
Émettant peu de CO2 lorsqu’il est brûlé, le gaz naturel est aussi un complément aux énergies renouvelables. Il peut aider à relever les défis actuels liés aux énergies renouvelables sur les plans de la disponibilité, de l’intermittence et du stockage.
Et enfin, l’éventail d’usages que l’on peut faire du gaz naturel est en expansion. Jusqu’à maintenant, le gaz naturel a servi à alimenter nos maisons, nos entreprises et nos centrales électriques, mais d’autres marchés s’ouvrent pour lui, pensons au GNL, à l’utilisation de gaz comprimé dans les véhicules et à la création de carburants propres à partir de la technologie de transformation du gaz naturel en liquides.
Un des défis associés à la production de gaz naturel est le contrôle du méthane – un gaz à effet de serre très puissant. Shell a déjà de nombreux mécanismes en place afin de réduire les émissions de méthane, comme la détection et la réparation des fuites fugitives, des mesures d’efficacité énergétique et des programmes de réduction du dégagement de gaz à l’atmosphère.
Pour le méthane, par exemple, il y a à la fois un incitatif environnemental et un incitatif économique qui nous poussent à réduire davantage nos émissions. Le prix actuel du pétrole nous oblige à accroître notre avantage concurrentiel, et l’innovation sera essentielle pour relever à la fois les défis économiques et environnementaux. Nous savons aussi que le leadership en matière d’émissions de carbone doit également être considéré dans le contexte de la concurrence économique. Nous devons nous assurer que les politiques suscitent les bons comportements dans les secteurs exposés au commerce et que les pays ont tous une volonté semblable, afin d’éviter le simple déplacement des sources d’émissions dans les régions moins réglementées.
Encore une fois, avec des plans concrets et des cadres de réglementation qui donnent à l’industrie la souplesse nécessaire pour trouver les solutions les plus rentables, je suis sûr que nous réussirons.
Comme vous l’entendez, j’ai confiance dans la capacité de notre industrie à demeurer concurrentielle sur les plans économique et environnemental... mais les Canadiens doivent nous en donner les moyens.
Peu de pays ont autant de motivation et de potentiel que nous pour devenir les meilleurs en matière de réduction des émissions de carbone issues des ressources énergétiques.
Enfin, je ne crois pas qu’on peut espérer le succès de façon réaliste sans une grande collaboration et un fort sentiment de l’urgence d’agir.
Mais la clé de la réussite ne se trouve pas nécessairement dans l’humble vélo... bien que je sois un cycliste passionné. Lorsque je ne travaille pas ou que je ne voyage pas, j’adore faire des randonnées à vélo. Pour utiliser une analogie empruntée au cyclisme, je comparerais à un peloton cet avenir basé sur la collaboration pour aborder les enjeux énergétiques. Un peloton est un groupe serré que forment les cyclistes dans une course pour se déplacer comme une équipe. Afin de conserver l’énergie, les coureurs prennent la tête à tour de rôle pour couper le vent.
Nous allons de plus en plus avoir besoin que différents secteurs prennent la tête à divers moments, et nous devrons à la fois les encourager et les mettre au défi.
Les politiques énergétiques qui seront établies et les décisions d’affaires qui seront prises au cours des cinq à dix prochaines années seront cruciales. Elles détermineront si le monde est en mesure d’atteindre ou non ses objectifs avec méthode. Shell mène des recherches et collabore avec la société civile et des entreprises à l’extérieur de son secteur afin d’innover et de produire de l’énergie de façon responsable.
Un grand nombre d’entre vous ont sûrement vu, en novembre dernier, que Shell et d’autres sociétés d’énergie ont partagé l’estrade avec des groupes environnementalistes, aux côtés de la Première ministre Notley au moment du dévoilement du plan de leadership sur le climat de l’Alberta. Ensemble, nous avons été présents pour appuyer le plan, qui étend l’application d’un prix du carbone à l’ensemble de l’économie de la province, augmente le prix du carbone pour les grandes industries et établit des limites relatives aux émissions issues de l’exploitation des sables bitumineux. Vous pouvez vous imaginer qu’il n’a pas été facile de trouver des solutions avec lesquelles nous étions tous d’accord. Je suis fier que nous soyons parvenus à un terrain d’entente, et Shell voit de plus en plus la collaboration multisectorielle comme la voie de l’avenir.
Pour Shell, il ne fait aucun doute que si nous ne contribuons pas à trouver une solution pour contrer le changement climatique, nous serons exclus de cette solution. Nous appuyons de formidables initiatives, comme l’Intelliprospérité, qui a livré plus tôt cette semaine sa vision pour augmenter la compétitivité économique et environnementale du Canada. Shell partage le désir de ce groupe de voir naître une économie plus forte et propre qui assurera un avenir meilleur à tous les Canadiens.
Nous appuyons également nos employés et leur capacité de participer à l’innovation sociale. Cela inclut l’Energy Futures Lab, qui réunit des gens de divers secteurs de l’Alberta afin de trouver des voies vers la décarbonisation. Les employés de Shell travaillent aux côtés de leurs pairs pour tenter de comprendre les répercussions et les compromis associés à la transition – un travail délicat, complexe et de la plus haute importance.
Nous POUVONS relever les défis de la décarbonisation. En définissant ensemble une vision commune, en établissant des plans concrets et des politiques sensées incitant à l’action et en travaillant en collaboration pour transformer nos systèmes énergétiques, et ensuite nos économies.
Merci.